7/2204.
An Christine Gräfin Brühl
Mille remercimens charmante Comtesse pour toutes les belles choses que Vous aves eu la bonté de m'envoyer. Les Melodies de Naumann me sont une nouvelle preuve du pouvoir que Vous exerces sur l'esprit et sur toutes les facultés des hommes, [132] Vous commandes a ce beau genie meme au dela de la mer, et son eloignement ne paroit qu'augmenter le sentiment de Votre superiorité.
Je suis bien heureux d'avoir pu composer quelque piece de poesie qui pouvoit avoir du rapport a sa situation presente.
Reellement ce n'est pas le Musicien, c'est l'homme qui a exprimé le desir de revoir l'objet cheri, c'est l'ami qui a senti les douleurs de la separation. Dites lui bien de belles choses de ma part, ie Vous en prie. J'avois conçu le dessein de lui ecrire, mais j'ai changé d'avis, ie Vous fais interprete de mes sentimens, et qui pourroit mieux faire ses eloges que Vous. Que ne puis je Vous entendre chanter ces petits airs! Car on sent bien qu'ils sont composés pour Vous.
Dans la lettre cy jointe Vous trouveres une reponse cordiale aux demandes que le bon Maurice a voulu me faire, j'espere qu'il voudra me continuer sa confiance dans une affaire qui vous interesse tant tous les deux.
L'etat de Votre santé m'afflige, j'espere que le petit voyage de Leipsic Vous fera du bien. Adieu charmante amie, embrasses Lolo de ma part, souvenes Vous quelque fois de moi, et conserves moi un petit coin de Votre coeur. Weimar ce 4. Dec. 1785.
Goethe.