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An Louis Lelorgne d' Ideville
Weimar, 6. octobre 1809.
Vous m'avez donné à plusieurs reprises, mon trèscher hôte et ami, des marques gracieuses de Votre bon souvenir par l'envoi que Vous m'avez fait d'une belle collection de médailles et de nouveautés littéraires [111] les plus intéressantes; Vous avez bien voulu de plus m'assurer de Votre main des sentiments que Vous avez conservés pour moi; aussi est-il grand temps, de mon côté, que je Vous témoigne ma reconnaissance, et c'est dans ce but que je Vous envoie un roman de moi qui vient de paraître.
Je ne puis espérer ni même désirer que ce petit ouvrage plaise à un Français; mais Vous connaissez assez notre manière de penser et de nous exprimer, à nous autres Allemands, et Vous êtes assez initié à notre caractère pour trouver peut-être quelque plaisir à la lecture de ce livre, qui Vous rappellera le temps que Vous avez passé parmi nous.
Mon désir de Vous revoir à Paris est toujours le même et ne fait qu'augmenter de jour en jour; mais la réalisation m'en paraît de moins en moins probable. J'oserai Vous prier de vouloir bien rappeler mon humble personne à ceux qui en ont conservé le souvenir, et particulièremant à MM. Denon et Talma. Voudrez – Vous également avoir la bonté, s'il Vous arrivait de rencontrer, à Paris, un jeune professeur d' Jéna, M. Voigt, qui s'y trouve actuellement, de lui présenter mes amitiés? Veuillez bien me témoigner de temps en temps que Vous continuez à Vous souvenir de moi
Goethe. [112]