An Hans Moritz Graf von Brühl

Monsieur et cher ami.

En retournant d'Ilmenau je trouve Votre chere lettre qui m'a fait bien du plaisir, je vois que Vous m'aimes encore et que les Muses ne Vous abandonnent pas.

L'idee de vouloir Vous etablir chez nous pour quelque tems est charmante, je souhaite que l'execution puisse contribuer a Votre bonheur. Vous connoisses Notre societé, elle a peu changé depuis le tems de Votre dernier sejour, Vous scaves ce que Vous pouves en attendre, Vous trouves des amis, Vous en aures bientot d'autres, Votre honetteté, Votre belle humeur Vous feront aimer, tout le monde sera content de Vous je souhaite que Vous puissies l'etre de tout le monde.

Pour ce qui est de l'instruction de Mr. Votre fils je crains que Vous ne trouveres pas si bien Votre compte. Nous sommes asses bien elevés ici, asses bien instruits, mais il ne paroit pas etre notre fort de bien elever de bien instruire les autres. L'education de quelques jeunes gens m'etant confieé j'ai mille chagrins sur ce point la.

Je ne scaurois donc Vous bien conseiller la dessus, surtout comme les facultés et les connoissances du cher Lolo ne me sont connues que superficiellement.[134] Il faudroit scavoir ce que Vous cherches pour lui et je vous dirai franchement ce que Vous pourres en trouver ches nous. Mr. Kestner me pourroit envoyer un petit detail et je ne manquerois pas de consulter des personnes sages et scavantes, sur une matiere qui doit tant Vous interesser.

Adieu mon cher Comte conserves moi Vos bontés et soyes assuré que je Vous suis bien sincerement attaché.

Weimar ce 4. Dec. 1785.

Goethe.