6/1979.

An Charlotte von Stein

[ce 17. du Septembre.]

Apres avoir fini ma journée, apres avoir preparé mon dejeuné pour demain matin il faut que je m'entretienne encore quelques moments avec toi, et ce sera pour te dire quelques nouvelles.

Tu sauras deja que le viel Oeser est ici pour peindre les petits apartemens de Mdme la Duchesse Mere, mais personne t'aura dit combien son ouvrage est beau. C'est comme si cet homme ne devroit pas mourrir tant ses talents paroissent toujours aller en s'augmentant. Les idees des Platfonds sont charmantes, elles sont executees avec un gout que l'age et le travail seuls peuvent epurer a un si haut degré, et en meme tems avec une vivacité que la jeunesse croit etre exclusivement son partage.

Haman de Koenigsberg a ecrit une petite brochure contre le traité de Mendelsohn qui a pour titre Jerusalem. J'ai toujours aimé beaucoup les feuilles Sybillines de ce mage moderne et cette nouvelle production m'a fait un plaisir bien grand que je voudrois pouvoir partager avec toi, ce qui sera difficile a cause de la matiere et de la façon dont il la traite.

Il y a des bon mots impaiables, et des tournures tres serieuses qui m'ont fait rire presque a chaque[359] page. Apresant il faut que je relise le livre de Mendelsohn pour mieux entendre son adversaire, car il m'a eté impossible la premiere fois de le suivre toujours. Je me trouve tres heureux d'avoir le sens qu'il faut pour entendre jusqu'a un certain point les idees de cette tete unique, car on peut bien affirmer le paradoxe qu'on ne l'entend pas par l'entendement.

Bon soir ma chere Lotte. Je me rejouis beaucoup de ce que tu ne t'endormiras pas sans avoir eu ma lettre de ce matin et sans avoir gouté de mes fruits. Quelle douce consolation que ce ne sont plus des semaines entieres qu'il faut a mes lettres pour parvenir a toi.


ce 19. du Sept.

Jacobi est arrivé avec sa Soeur il me fait un grand plaisir par sa presence. S'il t'étoit possible ma chere Lotte de te derober a ta solitude, de venir ici pour quelques jours. C'est surement un homme tres interessant et il a gagné. Tu le verrois et je te verrois. Car ma chere le desir d'etre avec toi, le besoin de te communiquer toutes mes idees existe encore dans mon coeur avec la meme vivacité.

Aujourdhui j'ai eté a Jena, j'avois mon Fritz avec moi. Je le sens bien que tu veux qu'il soit le mien. Il a eté si bon, si agreable et je l'aime tant. Adieu je suis tout a toi. J'attends avec impatience une reponse qui me dise que mes voeux sont exaucés.

G. [360]

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TextGrid Repository (2012). Goethe: Briefe. 1784. An Charlotte von Stein. Digitale Bibliothek. TextGrid. https://hdl.handle.net/11858/00-1734-0000-0006-9B1F-8