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An die Herzogin von Montebello

[Concept.]

[Weimar, etwa 15. Februar.]

Madame la Duchesse,

La réputation brillante de Monsieur la Baron de St. Aignan l'avoit précédé dans nos murs, et me faisoit désirer bien ardemment de faire la connoissance de cet homme estimable, mais que j'étois loin de prévoir que son arrivée seroit pur moi d'un si grand prix! En effect jamais Ambassadeur a-t-il été, comme lui, porteur d'un don si charmant! Aussi la présence de cet aimable Seigneur a-t-elle doublé de charmes pour moi, lorsqu' après les premiers compliments, il me remit de Votre part un souvenir qui me sera cher à jamais.

Je l'ai devant moi ce chef-d'oeuvre de l'art moderne; je puise pour la première et la dernière fois dans ce vase précieux les caractères de la présente lettre, mais ensuite il sera déposé et conservé avec [274] Gratitude parmi ce que je puis avoir en être le plus bel ornement.

Vous Vous peindrez facilement, Madame la Duchesse, l'attendrissement que j'ai éprouvé, en recevant ce témoignage de Votre bienveillance, si Vous daignez Vous convaincre que ce n'est qu'est qu'avec le plus vif intérêt que je me rapèle les heureux instants, où je n'aie pu Vos douleurs, mais je ne saurois Vous cacher les larmes sincères que je donne à la mort prématurée de Votre auguste époux. Mon affliction est aussi profonde que est aussi profonde que celle des siens; car si, loin ce grand homme m'ont inspiré admiration la plus juste, près de lui, son humanité a rendu le digne objet de mon affection la plus tendre, et je me fais un devoir bien doux de reconnoître en lui mon sauveur dans des tems plus fortunés. Je ne puis sonder sans émotion avec quelle bienveillance et affabilité il me fit ses adieux; il me pressa avec tant de cordialité d'aller à Paris goûter le bonheur de Vous faire ma cour, que l'impossibilité seule de éloigner du lieu de ma demeure m'a empêché de me rendre à une invitation si gracieuse, qui n'etoit rien moins qu'un ordre à mes yeux.

Quelque diffus que je sois déjà, je ne laisse pas

[275] de regretter de ne pouvoir m'étendre plus long sur mes sentiments, et je termine, en Vous assurant que je suis avec le plus profond respect

Madame de Duchesse

Votre très humble et très obéissant serviteur

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TextGrid Repository (2012). Goethe: Briefe. 1812. An die Herzogin von Montebello. Digitale Bibliothek. TextGrid. https://hdl.handle.net/11858/00-1734-0000-0006-82C2-0