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An Christine Gräfin Brühl

Vous etes bien bonne charmante amie de vouloir penser a un ingrat, de lui donner de Vos nouvelles et de l'assurer de Votre souvenir. Il est vrai que [179] je ne le merite pas, cependant Vos lettres me font toujours un plaisir sensible, continues moi Vos bontés et ne me laisses pas trop longtems dans l'inquietude sur Votre santé.

On racconte une histoire qui m'affligeroit beaucoup, si elle etoit vraie, c'est que Naumann a fait une perte considerable qu'on lui a volé quelques mille ecus. Vous ne m'en parles pas, et je la crois fausse car surement Vous l'auries scu et Vous m'en auries dit un mot.

J'ai lu les Vers de Mr. Neumann, adressés au Sprudel et au rochers du Carlsbad. (Il me vient l'idee de parler de Neumann en parlant de Naumann, on les a vu si longtems s'unir pour chanter Vos louanges qu'on est accoutumé a les regarder comme freres rivaux inseparables.) J'ai donc lu ces poesies ou il y a de bien belles choses, surtout l'idee des pleurs sublimés par la chaleur du Sprudel jusques au cieux, m'a paru tout a fait neuve et sublime, il y a encore d'autres mais qui ne valent pas celle la. Mon esperance de Vous retrouver aussi dans ces strophes a eté satisfaite vers la fin. La Reine de Rossignols n'auroit pu etre mieux placée et je souhaite qu'elle se porte bien dans son Lorbeernest.

Notre Duc est revenu de Berlin toutafait content, il a vu Darbes et il a eté tres content du peintre et de ses peintures. On me dit que ce Maitre coquin cache tres bien son pied fourchu, qu'il contrefait [180] le Sage, le complaisant, le modeste, enfin qu'il plait a tout le monde. A ces traits je reconnois mon admirable Mephistophele.

Deux actes de mon opera sont composés par un homme de genie, d'ailleurs solitaire et inconnu, mais qui ne fait que revenir de l'Italie. Je serois curieux de scavoir ce que diroit ma bonne amie de cette composition. Surement il y a des airs qui ne devroit etre chantés que par Vous. J'attends avec impatience le troisieme Acte dont la moitie devroit deja etre arrivée.

On se porte passablement bien ici cet hyver, Mad. la Duchesse Mere nous donne des inquietudes depuis quelques iours, elle est malade d'une fievre dont elle a eté saisie tout d'un coup.

Le printems nous donne les plus belles esperances, le tems se calme et il paroit que les beaux jours vont nous surprendre, puissies Vous en sentir toute l'influence.

Si Vous aimies Vos amis tant que Vous voules nous le faire accroire, Vous auries plus de soin pour Votre santé, Vous ecarteries toutes les idées facheuses et Vous ne Vous occuperies que du plaisir d'etre aimée de tant de personnes, pui trouvent leur bonheur dans Votre felicité.

Mille Compliments a Maurice et a Lolo. Sansdoute que ce petit personnage aura grandi.

Aves vous deja formé des Plans pour cet eté, [181] je ne scais pas encore ce que je pourrois entreprendre, je depends trop des circonstances. Adieu que Votre amitié ne s'altere jamais, c'est ce qu'on peu demander a une jolie femme. Adieu.

Weimar ce 19. Febr. 86.

G.

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TextGrid Repository (2012). Goethe: Briefe. 1786. An Christine Gräfin Brühl. Digitale Bibliothek. TextGrid. https://hdl.handle.net/11858/00-1734-0000-0006-9699-F