An Joseph Cogswell

[Jena, 27. Juni 1818.]

La lettre dont vous venez de m'honorer, Monsieur, n'auroit jamais pu arriver plus á propos; car consacrant quelques semaines de loisir á étendre et á perfectionner l'idée générale que j'avois con(ue de la situation tant passée que présente des États-unis de l'Amérique, je m'entoure de tous les ouvrages anciens, ainsi que des descriptions de voyage les plus récentes.

La contemplation de cet état immense, composé de tant de diverses régions, a fait naître en moi le désir bien naturel d'en connoître les rapports géologiques qui, en désignant la forme de la surface de la terre, déterminent souvent la division des provinces diverses et nous mettent á même de juger jusqu'á un certain point, de leurs produits. Surtout quand nous savons y joindre les propriétés du climat.

[212] Sous les ouvrages que j'avois consultés jusqu'á ce moment ne m'ayant procuré qu'une lumiére trés-incertaine je m'étois vu, dés le premier pas, arrêté dans mon travail, qui ne devoit pas être superficiel; ainsi faite dans un tel instant sur moi l'ouvrage que vous m'avez envoyé, je me suis hâté de la parcourir, et je m'empresse de vous en temoigner ma vive gratitude.

Ayant á faire une réponse rélativement á l'envoi de Ms. Cattaneo, et désirant d'y joindre la présente, je ne puis m'étendre autant que je le voudrois, ni peindre l'admiration, que me causent la richesse de l'ouvrage et son excellente méthode. Je me bornerai á vous observer que la société minéralogique de Jéna recevra avec reconnoissance tout envoi qui nous éclairera sur les rapports géognostique des États-unis. Nous désirons ardemment les documents des observations, indiquées á la fin de l'ouvrage, depuis page 637 jusqu'á page 641, qui nous donneroient une idée claire et parfaite de la carte géographique illuminée; et nous recevrons de même avec gratitude tout ce qui peut jeter quelque jour sur les importantes localités des États-unis, dont l'ouvrage fait mention. Si vous voulez bien nous faire cet envoi, ayez la bonté de l'adresser á la direction de la société minéralogique de Jéna, á remettre au château du prince, et comme la voie [213] de Hambourg paroît la plus sûre, on pourroit le confier aux soins de Monsieur Justus Perthes, libraire trés renommé de cette ville commerçante.

Désirant faire hommage á la bibliothéque publique de Boston de ceux de mes ouvrages qui pourroient avoir quelque intérêt pour les habitants d'outremer, ainsi que de ceux de quelques autres personnes, oser ois-je vous prier á mon tour de me marquer occasionnellement oú je devrois adresser un tel envoi. Puissent ces circonstances me fournir l'avantage de connoître de plus en plus ce pays étonnant, qui fixe sur lui les regards de l'univers, par l'état légal de paix, lequel favorise un accroissement, dont on ne sauroit préjuger les limites. Honorez-moi de votre souvenir, et tant que nous séjournerons ensemble sur ce globe, donnez-moi de tems á autre de vos nouvelles et de celles de vos compatriotes.

Abgesendet Ende Juni 1818.