»De toutes les formes de la littérature, celle du poème en prose était la forme préférée du duc.
Maniée par un alchimiste de génie, elle devait, suivant lui, renfermer, dans son petit volume, la puissance du roman dont elle supprimait les longueurs analytiqes et les superfétations descriptives.
Bien souvent, le duc avait médité sur cet inquiétant problème, écrire un roman concentré en quelques phrases qui contiendraient le suc de centaines de pages.
Alors les mots ouvriraient de telles perspectives que le lecteur pourrait rêver, pendant des semaines entières, sur son sens, tout à la fois précis et multiple, constaterait le présent, reconstruirait le passé, devinerait l'avenir d'âmes des personnages, révélé par les lueurs de ces épithètes uniques!
Le roman, ainsi condensé en une page ou deux, deviendrait une communion de pensée entre un écrivain et un idéal lecteur, une collaboration spirituelle consentie entre dix personnes supérieures éparses dans l'univers!
[9] En un mot, le poème en prose représentait, ainsi composé, pour le duc le suc concret, l'osmazome de la littérature, l'huile essentielle de l'art, l'art bavard réduit en sobre silence, la mer de la prose réduite en une goutte de poésie!«
Un mot de monsieur P.A. sur monsieur P.A.:
»Il avait la chance de n'être ni poète lyrique ni romancier ni philosophe. De là cette union littéraire et unique de trois talens qu'on n'a pas!«
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